Mon cher contrôleur technique m'ayant fait remarquer dernièrement que mes rotules avant gauche étaient HS, avec pour conséquence la non-validation du contrôle, je me suis vu dans l'obligation de passer une partie de mon week-end à procéder à cette tâche ingrate que tout propriétaire de Mini appréhende : le remplacement des rotules !
Et, après pas mal de galères bien chronophages, entraînant moult commentaires à l'encontre de nos amis Anglais, tantôt supposant l'activité professionnelle de leurs mamans comme étant la plus ancienne du monde, tantôt leur suggérant nombre d'activités impliquant leur rectum et quantité de choses à y insérer, dont les sus-mentionnées rotules, j'ai pensé qu'il pourrait être utile de faire un petit retour d'expérience, pour notamment donner quelques trucs qui pourraient éviter à quelqu'un d'autre les problèmes que j'ai rencontré. Je précise tout de même que je ne suis pas professionnel, donc mes méthodes sont largement critiquables, même si elles semblent avoir fonctionné. Je n'ai malheureusement pas pris de photos, je n'ai pas encore le réflexe (ni le Reflex d'ailleurs, mais ne partons pas si tôt dans des jeux de mots pourris, on aura bien le temps plus tard). Dans l'ordre donc :
- Dépose du porte-moyeux :
Certains font l'opération à même la voiture, comme indiqué sur le manuel d'atelier. Je préfère personnellement déposer le porte-moyeux. On est plus à l'aise pour bosser sur les rotules, notamment les inférieures, on maîtrise mieux les couples de serrage, et surtout, on ne se casse pas le dos ni les genoux pendant une bonne partie de la journée ! Seulement pour ce faire, il faut déposer l'écrou de porte-moyeux, ce qui n'est pas toujours évident.
Conseils :
je ne suis pas fan de caler une grande barre entre les goujons de roue, le couple de serrage est vraiment important, et on risque d'abîmer ces goujons. Pour le desserrage, quelqu'un qui appuie sur les freins pour bloquer la rotation suffira largement.
N'oubliez pas de commander des goupilles fendues avant l'intervention, il va falloir les remplacer !
Commencer par déposer cet écrou, l'étrier de frein, puis la rotule de direction, et enfin les rotules inférieure, puis supérieure.
Je n'aime pas démonter la rotule de direction, il n'y a pas d'empreinte sur la tige filetée, donc elle peut finir par tourner sur elle-même si elle n'est pas neuve. S'il faut les remplacer, ça se réglera à la scie à métaux, sinon, il vaut mieux éviter. Dans ce cas, déposer le bras de direction peut-être une bonne option (penser à commander la plaquette de verrouillage !).
Les rotules peuvent être salement bloquées dans les bras de suspension, la faute à une portée conique et un couple de serrage pas toujours respecté. Ca m'est arrivé, j'en ai même plié mon arrache-rotule (le gros modèle, qui doit peser plus d'un kg de ferraille !). J'ai commencé par découper la tige filetée à la scie à métaux, pour pouvoir travailler quoiqu'il arrive sur les rotules, mais il a tout de même fallu que je m'y attelle à un moment. Et là, très dur ! J'ai essayé pas mal de trucs, sans succès. je ne doute pas qu'un bon coup de chalumeau sur le bras inférieur aurait pu changer la donne, mais je n'ai pas ça sous la main, donc il a fallu trouver une alternative. J'ai tapé, percé, meulé,... Et rien n'a fait. Au final, je me suis résolu à démonter le bras inférieur, le poser sur un plan propre, et taper comme un sourd sur le bout de tige dépassant. Bilan : temps perdu à essayer des techniques aléatoires : 2 h, temps passé à démonter et remonter le bras inférieur : 30 minutes. Donc en conclusion, il vaut mieux démonter plus pour se faciliter la vie. Accessoirement, j'ai perdu un arrache-rotule, une Dremel et une bonne partie de mon sang-froid dans l'opération...
- démontage des rotules :
Le cauchemar matérialisé, démonter ces rotules est une pure épreuve de patience lors de laquelle vous rêverez constamment des rotules modernes qui ne nécessitent pas d'entretien. Pour ma part, les boîtiers étaient largement bloqués, j'ai dû passer un temps précieux pour les desserrer.
Conseils :
Un bon coup de dégrippant et quelques coups de marteau avant, ça ne résout pas tout, mais ça ne fait pas de mal ! Bien nettoyer le contour du boîtier, et aplatir totalement la rondelle de sécurité, pour bien assurer la portée de la douille. Vu les couples à passer, il vaut mieux pouvoir s'appuyer franchement sur l'empreinte. Un coup de chalumeau doit pouvoir faciliter les choses, mais là encore, c'est question d'équipement.
La douille de 1"1/2 longue n'est pas négociable ! L'opération est déjà bien pénible à la base, pas la peine d'en rajouter avec un outil de manoeuvre aléatoire. Pour une vingtaine d'euros, c'est un bon investissement. J'ai utilisé une poignée coulissante avec, pour pouvoir transmettre un couple plutôt qu'un moment (éviter les pertes de force inutiles), et un voisin m'a prêté deux tubes de rallonge qui se sont révélés bien utiles, même si je lui ai rendu des coudes...
Le porte-moyeux a une forme irrégulière, très difficile à brider en position. je me suis installé sur un établi-étau mobile, et j'ai serré entre les mors de sorte que la rotule à démonter soit orientée verticalement vers le haut. Malheureusement, Ca a fait rentrer un joint de roulement un peu à l'intérieur de sa portée, je n'ai pas étudié le système, j'espère que ce n'est pas grave. Il vaut mieux se positionner sur la gauche de ce genre d'établi, son propre poids ayant tendance à le stabiliser lors de l'application d'un couple de desserrage (anti-horaire).
La position de corps est essentielle pour maximiser l'effort de desserrage. Pas besoin d'avoir des bras de levier de 2 m, si on n'est pas placé correctement. l'ensemble axe de rotation du boîtier / poignets / coudes / épaules doit impérativement être sur le même plan pour perdre le moins de force possible. Ca peut nécessiter de se baisser sur ses appuis pour aligner l'ensemble. Ca peut sembler contre-intuitif, mais il est vraiment fondamental d'aller chercher le moindre Nm possible. Prévoyez quand même de dégager votre zone de travail, quand ça se débloque, c'est la chute quasi-assurée !
- Réglage des rotules :
Il existe de nombreuses méthodes de réglage, avec des mesures et des ajustement grâce à des formules. J'en ai essayé plusieurs, mais au final, je me suis rabattu vers la technique dite "à l'arrache" : on monte la rotule avec plusieurs cales, si ça serre correctement, c'est bon, sinon on ajoute ou on enlève des cales. C'est finalement le plus facile à mettre en oeuvre.
Conseils :
Commencer par ranger les cales de réglage en fonction de leur épaisseur. Pas nécessaire de mesurer, la flexibilité ressentie donne l'indication directement.
Poser d'abord les cales épaisses, puis ajuster avec des cales de plus en plus fines.
Attention aux cales collées au boîtier lors des démontages, on a vite fait de perdre le fil du réglage à cause de ça.
Personnellement, j'ai graissé dès le début, pour tester en conditions réelles.
Poser la rondelle de verrouillage en premier, mais ne pas la bloquer avec le graisseur tout de suite, elle sert de témoin pour vérifier le réglage (si elle tourne après serrage, ajouter des cales)
Bien maintenir l'axe de rotule plaqué contre son appui pendant toute l'opération, pour éviter un mauvais positionnement.
Difficile de savoir si on est bien réglé ou pas, surtout pour la rotule inférieure dont le ressort modifie considérablement le comportement de la rotule. Personnellement, je valide quand, boîtier resserré correctement (à la clé sans forcer), la rondelle de sécurité ne tourne plus, et la rotule ne peut pas être manoeuvrée à la main, seulement avec une clé. A l'utilisation, ça s'assouplit rapidement. La rotule inférieure glisse de fait forcément mieux que son homologue supérieure.
Resserrage / remontage :
LA partie la plus sympa de la journée, généralement tout se passe bien et les pièces neuves se mettent en place sans forcer ! Juste quelques points à bien faire attention.
Conseils :
Graissez chaque filet. Il n'y a aucun risque de desserrage par perte d'adhérence si vous serrez dans les règles de l'art, par contre ça minimisera le risque de blocage pour le prochain démontage. Pensez bien que le prochain abruti qui devra desserrer chaque vis, sera sans doute vous-même !
SERREZ AU COUPLE ! Dans la mesure du possible, respectez les couples de serrage préconisés, pas la peine d'aller plus fort, vous ne ferez que plastifier vos filetages, et bloquer tous les mécanismes. Pour les boîtiers de rotule par exemple, le couple est de 102 Nm, ce qui correspond environ au serrage d'une vis de roue de citadine classique. Quand on voit que j'ai bien dû balancer 350 / 400 Nm pour desserrer mes boîtiers, je ne pense pas que ce couple ait été respecté...
Graissez également les portées coniques des rotules, ça évitera de devoir racheter un arrache-rotule la fois suivante...
Le serrage de l'écrou de moyeu est particulier, puisqu'il faut en plus positionner la goupille. Comme au desserrage, je déconseille de s'appuyer sur les goujons de roue, c'est un coup à les abîmer. Par contre un simple serrage de freins peut ne pas suffire. Avant toute chose, marquer à l'extrémité de l'arbre de transmission la position du trou de goupille. Ca évite des moments de solitude, à chercher un trou qui peut avoir été dépassé. Une marque sur l'écrou peut également donner une idée de quelle encoche arrivera prochainement en face du trou. Pour le serrage en lui-même, la préconisation est de 203Nm, serrage supplémentaire pour aligner le trou de goupille avec une encoche. On commence donc à parler de couples de camions. Pour pouvoir résister, j'ai remonté la roue en virant le cabochon central, reposé la voiture au sol et serré le frein à main à fond. Entre le frein à main, la masse de la voiture et le jarret de ma copine qui tenait les freins bloqués, le contre-effort est suffisant pour serrer convenablement. J'ai en revanche préréglé ma clé dynamométrique à 180Nm, l'augmentation de couple pour atteindre le trou de goupille étant à mon avis suffisamment rapide pour atteindre les 203Nm recommandés. De là, il n'y a plus qu'à pousser comme un ours en vérifiant régulièrement l'alignement entre le trou et les encoches de l'écrou. La satisfaction de pouvoir glisser la goupille est juste orgasmique après avoir passé plusieurs heures sur ces foutues rotules !
Voilà tout ce que je peux en dire, n'hésitez pas à me faire part de vos observations, encore une fois, je ne suis pas professionnel, mes méthodes ne sont pas nécessairement orthodoxes. A l'occasion ou pour les prochains sujets, j'essaierai de prendre des photos pour illustrer plus élégamment mes propos.